Selon Platon, la beauté joue un rôle dans le désir d’un monde supérieur. Je le reconnais. Dans mon travail, j’espère toujours capturer quelque chose de l’invisible et de l’indicible. L’éphémère et la nostalgie, la prise de conscience que tout n’est finalement pas entier ou ne tient pas ensemble, jouent un rôle essentiel dans ma perception et mon travail. Une légère mélancolie transparaît. Pour citer Lieke Marsman, « nous élevons nos voix pour étouffer l’insensé ». C’est peut-être ce que je fais en peignant….
Lorsque je commence un nouveau travail, lentement mais sûrement, quelque chose se forme sous mes mains et me montre le chemin. Je fais parfois appel à la raison, parfois à l’émotion. À chaque étape, j’entretiens un dialogue constant avec ce qui se trouve sur la toile – chaque centimètre carré trouve sa place dans le tableau d’ensemble, pas à pas.
Au fil des ans, mon travail n’a cessé d’évoluer. Pendant longtemps, l’accent a été mis sur la gestion de la souffrance humaine : l’art de faire face. J’ai peint à partir de mon expérience de thérapeute en santé mentale, où j’ai été confrontée pendant des années à de nombreuses formes de souffrance et d’injustice, ainsi qu’à des pertes personnelles profondément ressenties, et au deuil qui s’en est suivi. Cette expérience a changé lorsque mon travail de thérapeute s’est arrêté et que j’ai marché sur le Camino de Santiago.
Il s’en est suivi un renversement : j’ai ressenti un besoin intérieur de peindre des formes organiques, inspirées par la nature, en utilisant davantage de couleurs et de matériaux. Ce qui m’a également inspirée dans ce processus, c’est le livre de Robin Wall Kimmerer intitulé Braiding Sweetgrass, dans lequel elle parle de la coexistence entre l’homme et la nature, fondée sur le don mutuel plutôt que sur la prise unilatérale, le gain économique et le contrôle.
Dans mon travail actuel, je souhaite exprimer et célébrer mon émerveillement et ma gratitude pour la grandeur et la richesse de la nature. Je le fais à travers des formes plus ou moins abstraites qui peuvent être interprétées de multiples façons, en utilisant une variété de matériaux et de techniques. Mon travail est également diversifié en termes de format. Je limite mon sujet à la végétation et à ce qui lui est directement lié – parfois une référence à la dégradation de la nature, dont nous sommes responsables en tant qu’humains, transparaît. Je les appelle des reflets poétiques de la nature.
J’espère amener le spectateur occasionnel à l’émerveillement, à la transcendance et à des niveaux plus profonds de réciprocité.